22 h 15. Elles s’appellent comme tous les soirs... ou presque.
— Veux-tu le récit d’une situation gênante ? — Dis toujours... — Imagine un couple en train d’acheter du carrelage dans un magasin de bricolage et qui tombe nez à nez avec la maîtresse du mari... — Ouille ouille... C’est gênant pour la maîtresse et le mari non ? — La mari semblait gêné, la maîtresse était à l’aise. — Et toi ? — Dévastée. — Je ne comprends pas très bien. Pourquoi était-ce si bouleversant pour toi ? Tu savais déjà qui était sa maîtresse et puis, toi aussi tu mets des coups de canif dans le contrat parfois. — C’est que je ne m’y attendais pas, j’ai été prise de court et de plus... je n’étais pas à mon avantage. — Bah, tu n’as pas à t’en faire pour ça, vous n’êtes pas en concurrence. — Elle est belle, j’étais mal fagotée ; j’ai vraiment dû lui donner l’image d’une pauvre femme. — Elle est belle mais elle se planque.
Elles se taisent et ce silence peut durer 30 secondes ou trois jours.
— Et toi, comment vas-tu ? — Écoute, plutôt bien ; mon mari est parti en voyage, j’ai bien l’intention de mettre à profit ces quelques jours de liberté. — Oula, ne fais pas trop de bêtises hein ? — Ne t’inquiète pas ; que des valeurs sûres. Je ne mise pas sur le trop compliqué en ce moment, juste sur le bonheur et puis je ne m’en fais pas : Si mon prétendant n'est pas disponible, je travaillerai. Je reste pragmatique. — Tu es la voix de la sagesse.
9 h 22 Un sms.
— Hello, j’espère que tu as bien dormi. Moi, je prends mon thé dans le jardin pendant que le roi lion dort encore —
Elle l'appelle...
— C’est une version du dimanche que je trouve des plus plaisantes. J’imagine que tu as passé une bonne soirée ? — Excellente. — Est-il parti ? — Il prend sa douche — Tiens tiens... est-il toujours aussi... adroit ? — Et plus encore d’ailleurs, je n’ai eu que peu de repos. Il m’a parlé de toi et et de notre amitié au ciment des plus étranges. — C’est un chou. Tu l’embrasseras de ma part, — Ça, je l’ai déjà fait mais je vais recommencer. Attends une minute.
Elle s’éloigne. Des voix étouffées parviennent jusqu’à l'autre.
— Il est reparti. — Alors raconte-moi tout. — Nous avions convenu qu’il viendrait dîner à la maison, il est arrivé vers 20 h 30, je n’avais pas eu le temps de me changer...
Elle raconte son histoire et l’autre s’en abreuve.
— J’aurais aimé vous regarder. J’aime ça. — Nous en aurons l’occasion. Tu es pleine de paradoxes tu sais ? — Il semblerait. Mais là, maintenant, je suis juste envieuse. — Si je pouvais, je te l’enverrais via Amazon, par drone. Un drone assez balèze — Tu es charmante mais ne t'inquiète pas, j'ai mes livres. Ce sont de bons exutoires. — Et ton amant du moment ? — Il est en vacances et je ne me sens plus aussi à l’aise avec lui. Mon corps vieillit. — Ah oui ? Quelle drôle d'idée !Moi, j’ai trouvé ma pathologie : c’est le déni de vieillesse. C’est comme le déni de grossesse. Tu l’es, mais ton organisme le refuse du coup, tu vieillis mais personne ne s’en aperçoit. Même pas toi. N’est-ce pas l’idéal ? Nous sommes belles si nous le décidons.
Elles rient encore.
— Que vas-tu faire aujourd’hui ? — Passer une deuxième couche de laque sur un meuble. — Tu as raison. Rien de tel qu’une journée studieuse après une nuit de débauche.
J'adore ces dialogues. Il y a de quoi écrire un roman
En fait j'imagine une pièce de théâtre... Une scène coupée en deux, deux intérieurs, deux styles différents et deux femmes sur scène qui discutent par téléphone interposé. Des petites scènes de vie sans intérêt sans doute... Ce serait très certainement une pièce prise de tête
En fait j'imagine une pièce de théâtre... Une scène coupée en deux, deux intérieurs, deux styles différents et deux femmes sur scène qui discutent par téléphone interposé.
En fait j'imagine une pièce de théâtre... Une scène coupée en deux, deux intérieurs, deux styles différents et deux femmes sur scène qui discutent par téléphone interposé.
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