Je plains le cœur désert dont le mal ineffable Consiste à demeurer pour Éros étranger. Respirer sans amour, c’est la lugubre fable Du cloporte jaloux du papillon léger.
C’est rester sur son seuil quand, l’hiver, on frissonne En recherchant sa clé, transi, n’en pouvant mais, Jouer les pickpockets sur sa propre personne Et toujours la chercher sans la trouver jamais.
Respirer sans amour, c’est exister sans vivre. C’est être ce buveur qui, dans un long banquet, Vide tous les flacons en n’étant jamais ivre. C’est contempler des fleurs sans songer au bouquet.
C’est voir sur son cadran s’éterniser décembre Quand d’autres plus hardis sont passés à juillet. C’est être un pâle enfant devant garder la chambre, Abandonné par un ami qui s’ennuyait.
Papillon au sortir d’un sommeil de cloporte, Sous tes yeux je recouvre, aussi beau qu' hébété, L’ivresse et la santé, le trousseau pour ma porte, Un bouquet pour mon vase et pour mes cieux l’été.
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