[/size][size=5][font=Verdana][/font]La vie refleurira !
Toi, que j’ai rencontrée encore dans sa jouvence, Dont j’ai vu les beautés s’épanouir en femme, Je sais tout de ton corps, de tes yeux, de ton âme, De ton regard surtout, où se lit ton enfance. Aucun n’a échappé à mon œil impatient. Mon élan est si fort et mon cœur est si grand, Que j’imagine, rêve et entrevois en toi Une amante parfois, plus souvent une sainte ! Car dans tes oraisons repliées sur ta foi, Tu tends à oublier les beaux jours sans complaintes. Mais la vie perd son sens quand le passé s’oublie ! Cela, l’as-tu compris ?
À moi qui t’ai reçue et qui t’ai dévolu Tout mon pain et mon vin lorsque tu es venue, Comment peux-tu montrer autant d’indifférence ? Pas même un geste doux, aucune déférence ! C’est-il que cette foi qui t’absorbe en ton Dieu, Efface pour toujours les souvenirs heureux ? C’est-il que ton esprit rendu inaccessible, N’entende plus l’appel d’un amour indicible ? Et pourtant, c’est bien moi qui t’ai appris la vie ; Et des secrets du monde, c’est moi qui t’ai ravie ! Suis-je un Pygmalion privé de Galatée, La belle aphrodite m’a-t-elle délaissé ? Car la vie perd son sens quand le passé s’oublie ! Cela, l’as-tu compris ?
Comme j’espère encore quand tout est contre moi, Mon sort est-il scellé ou ai-je encore un choix ? N’ayant derrière moi que souvenirs perdus, Et n’ayant devant moi qu’un horizon sans but, Comme le scorpion pris au piège des flammes, La mort épongera la passion qui m’enflamme ! Seuls le feu et la mort, dans un foyer immense, Finiront par noyer ma flamme et ma souffrance. Mais la vie perd son sens quand le passé s’oublie ! Cela, l’as-tu compris ?
Condamné à mourir, je ne vois pas de croix, Ni de Jérusalem ni d’échelle célestes ; Seul le fervent espoir de mon salut me reste. Je ne vois qu’un tombeau, dans le sol, devant moi ; Avec moi, j’enfouis mon chagrin malheureux. Dans cet obscur caveau que rongera le temps, Je n’aurai le salut ni de toi ni de Dieu ! Mais la vie perd son sens quand le passé s’oublie ! Cela, l’as-tu compris ?
Mais qui sait, il se peut que de jeunes enfants Qui passeront par-là, y poseront des fleurs ! Leurs graines germeront et trouveront vigueur ; Avec elles mon âme, y trouvant ses repères, Dans un élan subtil se fondra dans l’éther Et dans son vol prendra ses anciennes couleurs. De la même façon, mon corps et mon esprit, Enivrés de muguet, renaîtront à la vie. Car la vie ressurgit là où poussent les fleurs, Et reprend tout son sens quand le passé revit ! Cela, l’as-tu compris ?
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