Le soleil embrassait tout. C’était un jour – quelconque et quelque part. Ils étaient là ; disaient ce que l’autre pensait ; fumaient, ouvraient des livres ; les fermaient. Les heures mangeaient à leur lit ; dormaient. Il faisait beau – toujours jamais demain - le soleil embrassait tout ; ils disaient
-Les matins sont -un geste -animal ; -ils ont cet -instinct -et confiant et -violent -qui s’impose, vient -lécher nos silhouettes, -esquisser toutes -choses, sans remords. -Je n’aime -pas la -nuit, nous dormons et -tout est déjà remis -à demain -à hier et -tout est lâche, large, -libre à un tel -point qu’on ressent une -pression, une -douleur à la poitrine, ce -qu’on appelle être -oppressé, -je crois.
Elle feuilletait un livre énorme et laid et neuf sur le cinéma. Il feuilletait ses jours passés comme un catalogue où l’on achète le génie pour neuf euros quatre-vingt-dix-neuf sans les frais de port. Sa bouche à lui sentait l’arabica ; le tabac ; les silences. Elle respirait faiblement, lentement, les moindres gestes au-dehors ; les mensonges ; l’existence. Ils disaient
-Qu’obtient-on -de la nuit ? -de la couleur -de la grenade ? de -la honte sur la peau ? de -Strindberg ? Qu’a-t-on -à voir avec -le monde, l’humanité -si l’on sourit en s’extirpant du sommeil ? -Qu’obtient-on de la nuit -sinon -qu’une ombre à taire ?
Ils parlaient. Le soleil embrassait tout il faisait beau - ailleurs ici pourquoi pas – ils ne fumaient plus ; chantaient à présent ; se promettaient d’être heureux, sans savoir l’être ; faisaient l’amour – deux chats ; se disaient que le temps n’est qu’un affront à la douleur de vivre, une insulte. Une envie soudaine, viscérale, de braquer un flingue sur la tempe de Dieu - n’importe lequel ( coupable ; gémissant). Les amants n’ont pas de dieu, personne en qui, rien en quoi croire que les matins qui se succèdent ; meurent ; naissent en se fondant entre deux corps.
Le soleil embrassait tout ils se disaient que même Dieu n’avait personne à prier ; aucun miracle à prendre dans ses mains ; aucun lieu ou mourir. Ils répétaient -Qu’obtient-on de la nuit -sinon -qu’une ombre à taire ?
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