Elle mange comme quatre et il faudrait être fou ou trop sage pour ne pas se rendre aux noces qu’elle donne de ses cheveux. Elle mange comme quatre et son visage me donne à lire un peu d’été (un moite un été en enfer) et parfois son cul (son cul! quel cul!…) s’assoit paisiblement sur un petit bout d’Espagne, alors je suis un taureau entre ses bras… Lorsqu’elle soupire s’éteint s’étire grande comme le monde et me regarde, alors: à cet instant je suis le plus grand écrivain qu’elle n’ait jamais jamais lu. Elle mange comme quatre et parfois pleure après l’amour de ne plus savoir choisir qui elle doit être qui elle peut être et, parfois elle rit de Céline entre mes mains, d’Hamlet entre mes cuisses, me dit que mentir est un acte de résistance et que la recherche de vérité est la première des lâchetés (je n’y crois absolument pas mais ai-je besoin de croire à la réalité n’est- elle pas suffisante?) et je réponds faiblement que je ne cherche plus à résister, que ça fait bien longtemps que je ne cherche rien qu’à trainer mes yeux partout où je peux sans bouger (allez savoir pourquoi). elle mange comme quatre et elle a obtenu, je ne sais comment, la force de respirer quand elle dort, le souffle courageux, plein de peur mais aussi de mille autres choses que je ne comprendrai plus c’est fini c’est fini, je ne comprendrai plus son visage ensommeillé fermé et fier, tellement fier qu’on la croirait blottie contre Hemingway (mais les hommes ne se lèvent plus que pour aller pisser)
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