L’HOMME AU BONNET SANS FOND – Je peux entrer quand je veux dans cette immense cathédrale.
Faire des pirouettes devant le christ.
Et ce sera toujours aussi dingue.
Les hommes seront toujours sens dessus dessous, dans les recoins d'une ferme bouffée par les moutons.
Je peux faire des mots croisés dans un couloir d'hôpital.
Je peux chier des sardines et casser des œufs sur la tête d'un chauve.
Je peux ranger mes organes par ordre alphabétique.
Jouer à la belote dans les entrailles d'une baleine et bouffer Pinocchio.
Je peux percuter mortellement l'assassin de ton chat.
Lui faire manger le bitume et planter des ventouses dans sa petite bouche d'abruti.
Enjamber son corps pour aller répandre la bonne parole dans les pays en voie de développement. Comme les oiseaux qui se suivent et se répondent.
Je peux rentrer quand je veux dans cette immense cathédrale.
En soufflant sur le petit doigt de la vierge. En proférant des absurdités sur le compte du prince charmant. En soulevant la jupe du curé qui me dira « ceci n'est pas une jupe ! ».
Je peux rentrer quand je veux dans cette immense cathédrale, Dracula à mon bras, à la barbe de Sainte-Barbe.
Et faire semblant de pleurer de temps en temps, pour ressembler un peu aux paysages de Van Gogh.
Je ne serai jamais ce que tu as imaginé.


L’HOMME AU BONNET SANS FOND – Oublie tout ce que tu as fait. Oublie tout ce que tu as connu. Oublie le plancher qui craque et le parfum de la rose. Oublie tes mots d’amour. Oublie la mécanique du singe, le coup dans la nuque, oublie l’arbre et la chute. Fais du vélo. Mange un œuf et kidnappe la poule. Vole un bœuf et souris au vendeur. Balance ta vieille brosse à dents. N’achète que des chemises démodées. Verrouille ta porte. Fais l'idiot mais range ta chambre. Laisse traîner tes baskets. Assassine tes voisins. Soulève les jupes des jeunes filles dans le métro. Dessine des caniches sur leur ventre. Offre leur une vie de rêve, un téléviseur avec piscine intégrée. Détache les chiens et fais comme eux. Va au supermarché et danse la gigue. Déshabille-toi dans un couloir, deviens vendeur de sperme lyophilisé. Oublie tes envies de meurtre. Fais vite. Sois toujours prêt à recevoir une gifle. Souviens-toi de tes peurs. Cache tes jouets on ne sait jamais. Embrasse ta prof de maths. Engage-toi dans l’armée et fais des pirouettes en Irak. Dis à tout le monde que tu es fou et oublie-le aussitôt. Dis à tout le monde que tu es en prison. Que tu survivras. Que tu es plus fort que les bombes. Appelle la police et soigne tes enfants. Colle des étiquettes sur tes cicatrices. Frappe à tout va, rouspète quand tu n’as plus rien à dire. Jette ton petit frère dans l’escalier. Dis aux gens que tu n’as pas envie de faire l’amour. Dis-leur que tu n’as pas besoin d’aimer. Dis-leur. Regarde les dans les yeux. Ne t’inquiète pas. Je m'occupe du reste.

Le deuxième est assez magique!!! Merci...

Merci à vous !

les répétitions de tournure dans ces deux monologues ne m'apparaissent absolument pas comme un défaut, mais bien une composante essentielle de l'ensemble, qui se lit avec grand intérêt....je découvre cette rubrique avec tes textes, et j'avoue ne pas être déçu, tant ce que tu nous proposes me plaît !
amicalement.
pyc.