Une jonque navigue au gré de la mousson. Le manteau équatorial la pousse à la dérive, Loin vers le large, entre remous et rebonds. Cette embarcation se nomme "l'autre rive".
Peu importe qu'elle soit d'ici et d'ailleurs, Peu importe qu'elle soit d'ailleurs ou d'ici, Pour ces autres, elle n'a qu'une seule couleur Celle qui jaunit, se dilue dans l'eau croupie,
Celle qui gît au fond de sa coquille, peu fière De se voir mille fois souillée, brisée, torpillée, Non pas avec le dos d'une minuscule cuillère Mais à coups de pagaie en mer déchaînée.
Ses origines en auréoles clandestines, Son monde en des contrées inexplorées, Son garde-fou en une nuit d’opaline, Cherchent des préfectures d’identité...
Blanc et jaune d'oeuf se mêlent au typhon Quand, pour l'idiot, la Chine est un continent, L'asiat' dont il dira le presser comme un citron. Délit de faciès qui continuera à singer l'accent.
Et si par malheur "l'autre rive" ose la plaidoirie, Elle se verra prostrée, nue, au banc des accusés Car "sa communauté, une minorité modèle qui rit, Sourit, ne fait pas d'histoire." Affaire classée.
Les mots sales continueront à pleuvoir sur elle : "Dans ton pays, les nanas ont le vagin bien serré ?" Elle cherchera alors l'exil hors de ce sinistre bordel, Hors les barbelés de la xénophobie, du pénitencier.
Ses origines en auréoles clandestines, Son monde en des contrées inexplorées, Son garde-fou en une nuit d’opaline, Engloutis par ces préfectures d’identité...
Ailleurs, elle est considérée comme d'outre-mer, Banane démasquée, blanche dedans, jaune dehors. Ici, elle est l'avatar des enfermements identitaires, De cette étrangère laissée au port pour un passeport.
Initialement en trois parties, ce texte avait pour seul sujet "le voyage" et était destiné aux deux éphémères de février, ainsi qu'au thème photo... et puis... et puis il y a eu le passage à tabac de cette jeune femme, française d'origine laotienne, s'ajoutant aux nombreuses agressions envers les personnes d'origine asiatique depuis l'arrivée du Covid-19 en France et dans le monde...
Merci Franck pour ce sensible partage qui "fait voir".
Une jonque navigue au gré de la mousson. Le manteau équatorial la pousse à la dérive, Loin vers le large, entre remous et rebonds. Cette embarcation se nomme "l'autre rive".
Combien de vies passent inaperçues ou viennent brisées dans notre ignorance, ou pire, indifférence... Amicalement galatea
bonjour FRANCK tout comme LILIA ou GALATEA j'ai apprécier ton texte qui fait voir en bleu, surtout:
Ses origines en auréoles clandestines, Son monde en des contrées inexplorées, Son garde-fou en une nuit d’opaline, Cherchent des préfectures d’identité…
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