Pousse ma porte, ami, accroche ton manteau. Assieds toi près de moi, le temps est au repos. Entame le jambon, coupe toi donc du pain. Et toi ma douce femme, apporte nous le vin.
Écoute-la, ami, ses mots, c’est du silence, Un moment suspendu au centre d’une danse, Sa parole se meurt avant que de paraître. Ça n’est pas important, juste un peu de mal-être. Regarde-la, ami, ses yeux sont des labours, Les plaines de la Beauce y comptent à rebours Son été finissant, grâce au vol d’une grive, En automne doré qui doucement arrive. Le blé y lèvera dès le prochain printemps Dès le rire à venir, dès le premier instant Où les fantômes noirs qui hantent son esprit Quitteront à jamais le mitan de son lit. Vois-tu dans son regard, c’est l’ombre d’un sourire Qui disparaît souvent dans l’onde d’un soupir. Mais il éclairera, un beau jour tu verras, Son visage un peu triste. Un jour tu comprendras Que chez nous, mon ami, point n’est besoin de fleurs Sur notre cheminée. Mon bouquet, c’est son cœur. Elle marche à petits pas, elle a peur de la foule. Quelquefois elle pleure et quand sa larme coule, Quand la peine l’étreint, la terre n’est plus ronde. Je me sens si petit que là, je hais le monde Parce que, mon ami, mais tu le sais déjà, Je l’aime plus que tout, alors que ces gens-là Lui demandent surtout, à elle si fragile, Si peu elle, si peu, mais tellement docile, Lui demandent surtout de penser tout comme eux. Est-ce vraiment ainsi que l’on devient heureux?
Lève ton verre, ami ; trinquons à l’amitié Et toi , mon bel amour, goûte un peu au rosé. Le vin te met parfois des éclairs dans les yeux. Mais il est vrai , ma foi, que tu en bois si peu.
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