Quelle tristesse Pierre, de te lire, vois ! "Ta lettre brûle, incendie mon cœur qui saigne" Une guerre de tranchées atroce, pourquoi ? Ces millions de poilus au feu et qu'ils tiennent Qu'ils tiennent la merde où ils sont, au fond du trou, Résonnent encore leurs cris, infernal instant, Accroché à tes mots Pierre, et tous ces poux ! Malheureux hommes sur la terre, s'oubliant. Te consoler ? Je ne peux pas Pierre, trop tard, J'en veux plutôt à ton époque embourbée, jeunesse volée mise sur des brancards, Monuments aux morts où vos noms y sont gravés. Pierre, merci d'avoir écrit cette lettre Elle est parvenue jusqu'à moi qui te parle Extrêmement fier (maintenant) de te connaître Aujourd'hui avec toi je suis, près de ton âme.
Pascal
Lettre de Pierre, soldat français, écrite le 26 novembre 1916 à Verdun.
Ma bien-aimée,
Je n’ai pas eu beaucoup d’occasions pour vous écrire depuis mon retour sur le front mais si je vous écris en ce jour c’est pour vous expliquer la dureté et la violence de cette guerre. La bataille de Verdun est la pire que j’ai connue, non seulement physiquement car nous sommes restés huit jours sans dormir mais aussi mentalement : la puanteur des cadavres est devenue insupportable et je ne souhaite à personne de voir ce que j’ai pu voir ; nos amis, nos pères, nos frères, ils sont morts sous nos yeux et il n’y a pas de mot pour décrire cela. Les maisons, les écoles, les églises, il ne reste plus rien, tout a été ravagé, saccagé par les marmites, les arbres aussi sont maintenant inexistants. Il n’y a en fait plus aucune vie à cet endroit car tuer des êtres humains ce n’est pas une vie…
S’ajoutent à cela, la boue, le froid, la pluie et malheureusement nos compagnons allongés sur le sol… Il devient impossible de marcher dans notre nouvelle et peut-être dernière « demeure »… Il faut lutter pour survivre, prier pour que les rats ne mangent pas le peu de pain que l’on peut avoir, que les poux n’envahissent pas notre corps ou encore que la boue ne s’incruste pas dans le petit bol de soupe que l’on a. Le plus dur à supporter je pense est le froid ; le manque de chaleur est irremplaçable, les couvertures que l’on peut nous donner sont grignotées par les rats. L’hygiène est aussi déplorable, si vous saviez ce que je donnerais pour prendre une douche ! Il faut aussi que l’on porte des masques à gaz, j’ai entendu dire que les civils aussi en portaient ? Cela est préférable, nous lançons désormais du gaz sur l’ennemi, plus efficace d’après là-haut…
Je dois vous avouer que je n’ai plus beaucoup d’espoir en ce qui concerne la liberté, je n’ai même plus du tout d’espoir. Je souffre… Comment vais-je survivre ? Je n’y arriverai pas. Votre présence me manque énormément. Mon sang coule encore et encore… Pourquoi en suis-je arrivé là ? Embrassez bien mes parents pour moi et les vôtres aussi, dites-leur bien que je suis sincèrement désolé de ne pas être revenu. Embrassez aussi ma petite Juliette et dites à Jean que son père était un héros. Et vous, ma douce, je suis malheureux de vous faire mes adieux sur un bout de papier, restez forte, ne m’oubliez pas. Votre amour qui pense à vous et qui vous aime de tout son cœur.
Pierre
(Repost)
Le temps comme le vent passe et ne s’arrête jamais!!!
Bonjour marchepascal il reste les lettres des poilus qui sont des témoignages poignants et horribles sur la vie au front. Cette jeunesse sacrifiée croyait, dur comme fer, que ça serait "la der des der" ... et pourtant ! Amicalement Pichardin
Cette lettre traduit bien l'enfer vécu, et souligne la connerie des pouvoir de cette époque. je crois bien que le temps ne fait rien à l'affaire et j'ai peur que tout cela recommence encore avec des moyens de destruction des milliers de fois supérieurs à ceux de 14/18. voir cette poudrière du moyen orient qui a déjà fait des milliers de morts.
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