PERSONNAGES :
MADAME LA ROUGE
LES HOMMES AU BONNET SANS FOND



Les hommes au bonnet sans fond sont habillés de combinaisons en laine qui recouvrent entièrement leur corps. Ils portent tous un bonnet en laine, assorti à leur combinaison. Le bonnet en question est sans fond : il n’en finit pas. Ainsi, la scène est entièrement recouverte de laine tricotée. Les hommes au bonnet sans fond sont recroquevillés sur eux-mêmes, dispersés sur la scène. On pourrait croire qu’il s’agit de bosses de laine. On ne devine pas qu’il s’agit en fait d’hommes au bonnet sans fond.
Entre Madame la rouge, qui s’assoit sur l’une de ces bosses.


MADAME LA ROUGE – Ma mère.
Ma mère pète les plombs.
Ma mère entend tout, les murs sont fins.
Ma mère supporte mes insomnies quand je ne baise pas.
Ma mère supporte mes soupirs quand je baise et que je ne jouis pas.
Ma mère, c’est comme la vieille du dessus, c’est comme la vieille d’en-dessous, elle en a marre.
Ma mère voudrait que je me casse. Que je trouve du boulot. Que j’arrête de l’emmerder avec mes histoires d’amour qui n’en finissent pas de finir.
Ma mère voudrait que je la laisse tranquille. Que je parte sans rien dire. Que je fasse mes valises en cachette. Pour lui faire la surprise. Que je m’en aille discrètement, que je lui fasse plaisir.
Ma mère aimerait que je range ma piaule. Que j’arrête de ramener des garçons chez elle.
Ma mère pense que je suis une pute. C’est pas vrai.
Ma mère se demande comment ils font pour me séduire.
Ma mère ne se demande plus comment je vais.
Ma mère c’est comme la voisine du dessus, c’est comme la voisine d’en-dessous, elle en a marre.
Ma mère ramasse mes fringues dans le couloir et les met dans la machine à laver.
Ma mère ne rentre plus dans ma piaule.
Ma mère ne m’attend plus pour manger.
Ma mère ne baise pas.
Ma mère ne parle pas.
Ma mère me trouvait jolie, quand j’avais quatorze ans.


Madame la rouge se tait. Les hommes au bonnet sans fond se lèvent. Étant assise sur l’un d’entre eux, Madame la rouge bascule. Elle tombe, reste couchée sur le sol.
Les hommes au bonnet sans fond s’étirent.

Un début savoureux qui appelle à une suite = )

Curieuse de découvrir la suite

l'esprit théâtrale mêlée à une écriture directe, qui ne prend pas de gant pour nous évoquer tous les ressentis de la maman de Madame La Rouge...très captivant et en effet, ça donne envie de vite lire la suite !
bravo pour l'originalité !
amitiés chaleureuses.
pyc.