Non je n'ai jamais habité l'Éden. Non je n'habite pas les roses. J'habite le soufre, la passion et l'incertitude. J'habite par là, entre tes impostures et mes impatiences. Je n'ai jamais aimé les fleurs. Je n'ai jamais pris ta main. Je ne connais pas ton nom ni ta manière de dire bonjour. Je t'ennuie. Je bouffe la terre pour mieux te regarder en face. Je parle d'une pute pour mieux me faire comprendre. Je parle et quand il n'y a plus rien à dire j'entends les talons hauts qui giflent le trottoir Et la joie du colon qui vient crever le vide Et le silence le silence sans fond qui soudain se destine à un tout autre sang. Non je n'habite pas l'Éden. Mais j'ai suivi d'autres traces, comme ça pour rien. J'ai glissé mes mains à l'intérieur d'un phare et j'ai laissé le fou faire un tour dans mes tripes. Comme ça pour rien. Pour gagner du temps. J'avais peut-être oublié que les petites mains sont faites pour nager, qu'on ne fait pas de pain sans faire des affamés. Je marchais à l'ombre des statues. Comme un voleur d'enfants Je mordais tes entrailles pour prendre tes secrets J'avalais tout, je ne donnais rien. Je livrais des batailles à des êtres sans chair. Je haïssais les mots et sans jamais me taire j'entrais par d'autres portes. Sans jamais prendre ta main. Non je n'ai jamais habité l'Éden. Je n'ai pas connu la panne, pas connu le manque, je n'ai pas dit amour. L'amour trop grand, l'amour trop sale, l'amour comme un bijou sur la peau qui s'abîme, l'amour comme un flan comme une absence de trop emportée par les raz de marée, un déluge sans relève l'amour sans courants d'air Sans mort et sans regrets, sans mort ni poulailler parce que je n'ose pas cracher ce que je sème.
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