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Lux


dites non au patron, mais oui à la voisine.
   
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24 oct à 10:33
  Publié: 11 mai 2009 à 14:45
Modifié:  11 mai 2009 à 14:50 par weendy95
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Je suis dans le jardin,
de chaque côté, derrière les haies, les haies qui ne sont pas encore assez hautes (qui ne seront jamais trop hautes, mais moi, pour tout dire, je m’en fous)
de chaque côté, des voix des voisins
à gauche, le jeune père qui siffle « je suis libertine » en regardant son fils courir après mon chat qui court après les poules
ce sont de jeunes poules
ce même père a tué d’autres poules, il y a quelques années quand sa femme était enceinte
PARCE QU’ILS ONT EU PEUR
maintenant il n’y a plus de grippe aviaire
(heureusement qu’ils n’ont pas pris de cochons)
il rentre de vacances, il est heureux
et il siffle derrière la haie

à droite, ce sont de vieux paysans
de vieux paysans qui éclatent en des disputes incompréhensibles
un couple de paysans
un couple dont le langage est un mystère tout à fait entier,
un secret à l’état pur qu’ils crient entre leurs murs de pierre
deux cœurs au travail
sans cesse

au milieu c’est moi, vainement moi, vainement là
avec mon attente, avec mes sourires, avec mes allées et venues, avec mon amour
et ce jardin qui n’est jamais le même
je n’ai pas demandé tout ça
je n’aime pas les haies
je n’aime pas les maisons
j’observe ce jardin qui n’est jamais le même
les changements infimes
qui me semblent si brusques
si fatals
si tragiquement beaux
si fragiles aussi
c’est bête non


les cerisiers sont envahis par les pucerons qui sont mangés par les fourmis
pommier coupé greffe du pommier réussie
épinards qui montent
terre retournée
le purin d’ortie dans la grande poubelle verte
je guette l’arrivée des hannetons

dans l’aquarium (je n’aime plus les aquariums)
dans l’aquarium un poisson est mort

ici il n’y a pas d’impasse, tout se mélange
rien ne reste propre très longtemps
sur d’anciennes traces on pose de nouvelles traces
des taches qui tour à tour s’effacent, restent ou pourrissent
se rencontrent s’oublient deviennent inutiles, obsolètes, inexistantes
de petits anachronismes
de minuscules témoins qui ne témoignent plus de rien

je réponds aux questions
je souris
je ne réponds pas
les poissons continuent de flotter, le ventre à l’air sous les néons trop chauds
l’herbe est tiède, me réconforte
elle prend les fleurs et les jette
je sais que sous mes pieds, mille présences s’effondrent
je ne prétends rien
le sol devient sans doute aussi lourd que le reste
je ne le porterai pas
je ne porterai rien
j’oublie le jardin j’oublie que c’est peut-être mon jardin
j’oublie les voisins et ma vanité
je reste là et
sans marcher
je laisse faire le sol.

 
Tilou8897 Cet utilisateur est un membre privilège

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La vie n'a de sens que celui qu'on lui donne
   
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Il y a 1 minute
  Publié: 11 mai 2009 à 17:12 Citer vertical_align_bottom


J'aime beaucoup ce fil de pensées... On pourrait avoir l'impression que ça mène un peu n'importe où ou bien nulle part... Et pourtant...

* et j'adore le titre -en plus- *

(Super commentaire trop constructif...)

Mais bon...

Merci

Tilou

  Elle me dit que mes guerres sont des fleurs fanées et qu'il reste une terre pour l'aimer ici bas
Elric
Impossible d'afficher l'image
Si t’as plus la flamme, j’ai des allumettes.
   
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16 déc 2022 à 12:25
  Publié: 11 mai 2009 à 18:50 Citer vertical_align_bottom

Je l'ai trouvé beau, mais plus intéressant que beau, merci pour cette lecture que j'ai beaucoup appréciée.

Amitiés
Elric

 
Lux


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24 oct à 10:33
  Publié: 13 mai 2009 à 07:30 Citer vertical_align_bottom

merci, vous

c'est gentil d'être passés ici.

 
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