Voilà que nous volons voilà que la ville nous offre une guerre sans excuses je suis dans cette voiture qui roule vers la mer rien ne m’attache à rien et pourtant je m’accroche à la ceinture comme si c’était la dernière porte avant la douleur je m’éteins sur une parcelle d’autoroute je m’évade derrière les barrières de sécurité je broie la sécurité je l’étouffe et je l’enferme dans un petit sac en papier que je garderai dans ma poche durant tout le trajet arrivée à la mer sans l’ouvrir je le jetterai dans l’écume et toute la salive que l’on retient viendra salir les draps ceux que l’on garde longtemps contre nos peaux le matin jusqu’à creuser la vraie trace de l’obus qui éclate voilà le pain qui monte nos bouches élargies l’entracte bien trop longue on compte les passants un par un jusqu’à trouver celui qui ne franchira jamais le bord des autoroutes jusqu’à fendre d’un regard les portraits les plus flous mais nous ne ferons jamais rien de cela parce qu’il faudra tout rendre ou tout remettre en doute le désordre une baignoire pleine de secours à perte à pleurer en plein présage nous ne ferons jamais qu'un faudra-t-il recevoir toutes les lettres jamais envoyées à peine écrites jetées par-dessus l’épaule faut-il brandir la moindre épine faire de chaque port un poème condamné à tirer sur les cordes les plus épaisses soumettre au vote la question du silence passer, l’histoire la force, passer et prendre au piège, raconter regarder tendre jusqu’à percer et passer dedans comme fermé impuissant pénible je laisse la toile se remplir, pressante et désœuvrée face à la mer qui grogne.
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