pardon pour la réponse tardive c’est que je crois encore vivre à une autre époque c'est qu'il me semble encore devoir attendre le retour des pigeons, choisir le plus beau, le plus robuste, attacher à sa patte le rouleau de papier, et espérer qu'il volera jusqu'à la destination prévue
mais le pigeonnier est vide, et sur le sol il ne reste que quelques fientes bien envoyées.
Alors je traîne quelques lambeaux de brouillon jusqu’à ma table de travail qui ressemble un peu à ces minuscules bureaux d’enfant barbouillés de feutre parce que les feuilles sont trop fines et qui finissent leur vie dans le coin d’un garage, servant de table à outils pour le père qui ne bricole pas, je ramasse ces quelques morceaux remplis d’une écriture à peine lisible et qui en somme pourrait tout aussi bien être une liste de choses à faire ou un poème raturé ou une punition je ne lancerai plus de cailloux sur les pigeons je ne lancerai plus de cailloux sur les pigeons je ne lancerai plus de cailloux sur les pigeons je ne lancerai plus de cailloux sur les pigeons je ne lancerai plus de pigeons sur les cailloux je ne lancerai plus de cailloux sur les pigeons je ne lancerai plus de cailloux sur les pigeons pierre feuille
je ramasse ces quelques phrases je t’en fais une lettre et tu pourras cracher dessus puisque toutes les autres je ne te les ai jamais envoyées toutes les autres ça veut dire toutes celles que j’ai laissées dans le pigeonnier dans la porcherie dans la saleté dans les amours sales j’espère toujours trouver les mots.
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