Lettres, au brouillon


À cette heure-ci des gens traînent encore leurs valises
Le vacarme éphémère, un retour au chaos.

*


El desierto, comme un chœur d'enfants
duquel dépassent quelques toux
un peu timides.
C'est un endroit où la beauté trace encore l'humeur des passants.

J'attrape au vol un sourire, les déchets que le vent me jette
et je rêve moi aussi d'un froid plus violent, qui dénouerait mes lacets
qui dénouerait mes lacets
mes lacets
qui dénouerait mes lacets en riant en criant en crachant
qui dénouerait mes lacets, avec amour
et je rêve moi aussi du désert, le désert,
comme un homme blessé à la tête
que j'attendrais gare du Nord, dans la chaleur collante des respirations
dans la rumeur des valises et des sanglots
C'est un endroit où la vie passe en silence sous les semelles de ceux qui passent en silence
en colère
et souvent elle rencontre les éclats qu'elle enfante

MAL DE MER

Je tiens dans ma main des brouillons de lettres que je serre fort, comme pour les étouffer
La trace d'un pincement sur mon bras gauche
Une trace sèche, huile de moteur, sang ou salive
mal de gorge
La trace d'un pneu


À cette heure-ci, le cœur ouvert, le dernier ivrogne trébuche
montrant son nouveau visage.
Il voudrait pleurer.
Et la nuit, impuissante, paraît plus triste encore que le baiser qu'il tend.

Je suis complètement ivre de tes mots, dans le sens que je me retrouve aussi perdue que le narrateur... Aussi petite... Même avec une étoile qui se balade sur les lèvres... Ah oui, son nom est l'espoir je crois...



Ces lettres au brouillon, c'est notre âme... Enfin, pour moi...



En tout cas, ça m'a fait du bien de lire des mots que je connais... (pour moi même...)

Merci à toi Eriune.