"ce qu'il n'y a qu'ici" c'est quelque chose de gris et de pluvieux, quelque chose de froid, cette vieille dame et ses deux chats noirs et blancs qu'on ne regarde pas, ces filles blondes et les grands arbres trop maigres qui bordent la mer. Dès que l'on s'éloigne de la ville en train pour aller jusqu'à Jurmala, les forêts cachent de petites maisons et des jardins approximatifs. Des noms étranges, comme l'arrêt "solitudine". La mer est froide, bien sûr, et il pleut. La lumière est froide, blanche, et ne reste jamais très longtemps. De drôles de corbeaux parcourent la plage à cloche pied, des mouettes sont là aussi.
Jeudi 30 Octobre 2008
Les forêts sont superbes. Elles sont belles à s'y perdre. Le petit téléphérique nous a amenés jusqu'à un petit village au milieu de nulle part. Une dame balaie les allées pleines de feuilles, munie d'un balai digne de celui d'un(e) sorcier/sorcière. Une clairière. Des ruines. Le ciel qui se découvre quand le soleil diminue. Tout se couche.
Je suis restée seule dans la cuisine de l'auberge pour écrire un peu. Un letton est là. Il s'amuse à changer de station de radio environ toutes les minutes. Quand ça lui chante, si j'ose dire.
L'auberge de jeunesse est peuplée de gens étranges. Un arménien dort sur le canapé et vient se coucher dans son lit au petit matin. Un letton boit sa bouteille de blanc seul dans la cuisine (je le sais dans la pièce pendant que j'écris). Une belge et un français nous suivent dans nos excursions par hasard. Ils ont pris leur chambre dans la même auberge que nous par hasard. Le français me prend pour un garçon, comme il me l'a avoué avec tact, porte le t-shirt des jeunesse catholiques et fréquente les bars à strip-tease. Sa copine, la belge, joue son rôle de belge stupide. Et puis il y a ces deux mexicains, ce couple discret qui occupe un lit du bas, dormant dans les bras l'un de l'autre. Ils font un tour d'Europe. Ils se tiennent chaud. Non. Je n'ai rien à ajouter. Juste fermer les yeux.
1er Novembre 2008. Samedi.
Nous partons. Porte B6. Le voyage continue. Hier journée achat de clopes et de saucisson. Et de miel. Dernières parties de tarot. Dernières clopes. Lever du jour sur Riga. Nous arrivons à l'aéroport. Le français de JMJ a raccompagné sa belge jusqu'à son avion, sans doute, et nous le trouvons endormi dans le hall de l'aéroport. Comme une petite blague qui continue jusqu'aux derniers instants du voyage. Nous prenons garde à ne pas le réveiller.
*
Lou Reed. Street Hassle pour toucher le sol à nouveau. Quelques heures plus tard. Atterrissage réussi, retour violent. Nous attendons nos bagages. Quelqu'un hurle. Tous ceux qui sont là entendent. "tuez-moi" reconduite à la frontière.
Le train était doux. La tête posée sur l'épaule d'Anna. Une petite fille et son père, qui s'excusait dès qu'il frôlait un bout de mes jambes. La petite fille dessine sur les feuilles que lui a données Anna. Moi, je ferme les yeux.
THE END.
Lundi 3 Novembre 2008. Clermont Ferrand.
Cigarettes, étoile. Oui, tout est là. En place. Tout est resté. Les mêmes étudiants. Les mêmes amphis. Les bancs. Mes doigts, ma main sur mon stylo, sur une bière, sur un morceau de pain noir, dans mes cheveux, sous l'oreiller, dans ma poche, sur la poignée d'une salle de cours parce que je suis éternellement en retard, sur une cigarette ou posée sur une feuille. Je suis fatiguée de rentrer, de ne pas trouver quelque chose de changé, de différent, de détruit ou de refait. Je me fous du nouveau. Je voudrais trouver une écorce là où il n'y a que des choses. Tuer Descotes et oublier que Blaise Pascal pensait. Refaire mon sac tant qu'il est vide. L'emmener jusqu'à la gare et décider qu'il est trop lourd. L'abandonner. Partir.
oui c'est vrai. mais la dernière fois que j'ai mis un de ces "fragments" dans journal, on m'a répondu que ça n'était pas à la bonne place. et puis après tout peu importe... je considère pas ça forcément comme un poème. merci de ton passage pointus.
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