La journée promettait d’être agréable. Il n’était que huit heures du matin et la chaleur se faisait déjà sentir. Comme tous les jours, Georges était de sortie avec le vieux Sultan, son chien. Ils avaient l’habitude de se promener le long des berges du golfe du Morbihan, entre Le Tour du Parc et Sarzeau. Ancien marin pêcheur, âgée de 83 ans, le vieil homme était une figure locale, toujours de bonne humeur et n’hésitant jamais à trinquer au bistrot avec ses amis. Il trouvait toujours quelqu’un pour le reconduire chez lui après sa promenade matinale. En arrivant à la pointe de Banastère, Sultan, d’ordinaire calme, commença à s’agiter et à aboyer. - « Ben mon Sultan, t’as quoi aujourd’hui ? » Brusquement, l’animal se glissa sous le grillage de la réserve naturelle. - « Sultan, viens là, fous la paix aux oiseaux ! » La réserve étant protégée, Georges s’inquiéta d’y voir son chien. Ce dernier s’était arrêté à quelques mètres de l’entrée et ses aboiements avaient redoublé d’intensité. S’approchant de la grille, l’ancien aperçut enfin ce qui énervait tant son animal : deux corps, un homme et une femme, entièrement nus se trouvaient étendus là, mal dissimulés par la végétation. - « Gast ! V’là aut’chose ! Sultan, au pied !“ Rebroussant chemin aussi vite que lui permettait ses pauvres jambes, Georges pénétra dans le bar de la plage, le Suroît, et demanda au patron d’appeler les gendarmes. Devant l’air épouvanté du vieillard, ce dernier ne se fit pas prier. Le coup de fil étant passé, Georges retourna à la pointe pour y attendre les forces de l’ordre après avoir confié son chien au patron.
L’arrivée des autorités ne passa pas inaperçue dans la petite bourgade. Le printemps touchait à sa fin et les touristes n’étaient pas encore arrivés. Après avoir installé un cordon de sécurité, l’officier présent pénétra dans la réserve à la suite du médecin légiste. La vision des corps l’intrigua : enlacés l’un à l’autre, on aurait pu croire à deux amoureux endormis s’ils n’étaient pas morts. - « Alors toubib, tu en penses quoi ? » Le médecin se retint de sourire. - « Au vu de la rigidité cadavérique, ils sont morts depuis au moins deux jours. Pour le reste, il te faudra attendre les autopsies. Mais je peux déjà te dire comment est mort ce jeune homme. » - « Ah bon, je t’écoute. » - « D’une hémorragie massive. » - « Mais il n’y a pas de sang ! » - « Je sais. Approche et regarde. » L’adjudant DEBLONC s’exécuta et stoppa net. Le corps de l’homme était mutilé, il n’était plus en possession de ses attributs masculins. - « Mais c’est quoi ce délire ? Quel est le malade qui a bien pu faire ça ? » - « Et bien mon ami, modérez vos paroles je vous prie ! Un peu de respect pour ces pauvres diables ! » - « Désolé toubib, mais j’ai du mal à rester insensible face à ça. » - « Je m’en doute. Et d’après ce que je constate, son amie n’a plus la moindre goutte de sang non plus. Voilà qui va compliquer mon travail. Mais au moins, tu peux être sur d’une chose. » - « Laquelle ? » - « Et bien, ils ne sont pas morts ici. » Sans rien ajouter, le gendarme s’éloigne pour laisser le légiste finir son travail avant le transport des corps. Puis les hommes de l’identité judiciaire passèrent la zone au peigne fin, à la recherche du moindre indice. Quelque chose intriguait DEBLONC mais il n’arrivait pas à savoir quoi mais il était certain que ce n’était pas lié aux mutilations de l’homme.
De retour à la gendarmerie, l’adjudant comprit enfin ce qui le tracassait. Accroché au mur, un avis de recherche concernant une jeune femme l’interpella, celui d’ Eloise DUMONT. Il s’agissait de la morte qu’il venait de retrouver. Sans perdre de temps, il contacta la PJ de RENNES pour les informer de sa macabre découverte.
Depuis près d’une heure, le lieutenant DESCROIX interrogeait le mari d’Eloise, Emmanuel DUMONT. Avec lui, il essayait de mieux connaître les habitudes de la jeune femme. Cette tâche se révéla plus compliquée que ce qu’il avait pu imaginer. Passant près de six mois par an à l’étranger pour son travail, le mari connaissait finalement assez peu son épouse. Le téléphone sonna. Le policier décrocha, écouta attentivement son interlocuteur puis raccrocha après l’avoir remercié. - « Voulez-vous boire quelque chose Monsieur DUMONT ? » - « Non ! Je veux juste ma femme. » - « La gendarmerie de SARZEAU vient de la retrouver. » - « Elle va bien ? » - « Je suis désolé… » - « Quoi ? Elle n’est pas morte ? Ce n’est pas possible ! Ca ne peut pas être vrai ! Eloise est vivante ! » - « Un promeneur a découvert le corps d’une jeune femme ce matin et tout porte à croire qu’il s’agisse de votre femme. » Emmanuel DUMONT s’effondra sur sa chaise, anéanti par ce qu’il venait d’entendre.
- « Vous avez terminé ? » - « Oui, il est entièrement à vous, Doc, enfin pas tout à fait quand même. » - « Il est vrai que l’émasculation n’est pas courante dans notre société. » - « Je me demande où est passé ce qui manque. » - « Ça, mon cher, je ne le sais pas plus que vous. » - « Bonne journée Doc et à la prochaine. » - « Au revoir. » Resté seul après le départ du fonctionnaire de l’identité Judiciaire, Iffic L’HOSTIS, médecin légiste de son état, commença l’autopsie de l’inconnu retrouvé près d’Eloise DUMONT. Scalpel en main, il pratiqua l’ouverture en Y pour prélever certains organes internes dans le but de les peser puis de les sceller, le foie en priorité. Comme il s’y attendait, l’homme n’avait plus une goutte de sans dans le corps, ce qui empêchait les analyses toxicologiques habituelles. La cause du décès semblait pourtant évidente. Poursuivant son exploration, il décida de s’intéresser à l’hygiène buccale de son hôte. Forçant l’ouverture de la mâchoire, il stoppa net son geste. - « Et bien ! » La porte du local s’ouvrit, permettant le passage du lieutenant DESCROIX. - « Bonjour Iffic. » - « Romuald ! Heureux de te voir ! Je viens de faire une surprenante découverte… » Le sourire du médecin laissait présager une drôle de trouvaille. - « Approche mon jeune ami et vois par toi-même. » S’exécutant, Romuald comprit très vite à quoi faisait allusion son vieil ami. - « Mais qu’est ce que c’est que ce truc ? » - « Tu ne le sais pas ? » - « J’ai bien peur que si. » Des attributs masculins avaient été enfoncés dans la gorge du malheureux. - « Vous pensez à la même chose que moi ? » - « Si par là, tu fais allusion au fait de savoir se ce qu’on a voulu lui faire avaler lui appartient, je ne te dirai qu’une chose : attendons les résultats des tests ADN et nous serons fixés. » - « D’accord. Je vous laisse à votre travail et j’attends votre rapport. » - « Bonne journée dans ce cas ? » De retour à l’air libre, Romuald décida d’aller prendre un café, histoire de digérer toutes les informations en sa possession.
Assise non loin du flic en charge de l’enquête, Nina souriait. Elle aurait bien voulu voir leurs têtes dans la salle d’autopsie.
Ah ben bravo ! Au moins il ne risque pas de parler la bouche pleine Dis-moi, Nina elle aurait pas un faible pour le film "Seven" ? On a la scène du crime devant nos yeux, et on peut juste imaginer ce qui se passe...
Yaël
Ne contemple pas le sac pesant sur tes épaules, et fonce vers le chemin qu'il te reste à parcourir...
C'est superbement dégueulasse! lol J'adore! En plus je me suis rendu compte que tu connais pas mal de truc judiciaire... laisse moi deviner... tu es accroc au série du genre " les experts"
Tous les textes hébergés par La
Passion des Poèmes sont protégés par les lois
de la protection des droits d'auteurs ainsi que par des traités
internationaux. Il est strictement interdit de distribuer, d'afficher
ou d'utiliser ces textes de quelque manière sans l'autorisation
de l'auteur du texte en question.