20 h 32. Elles se parlent comme tous les soirs, ou presque.
— Comment vas-tu ? — Bien, et toi ? — As-tu passé une bonne journée ? — Très bonne. Et la nuit précédente le fut aussi. — J’en suis heureuse. Il est passé ? — Oui, et resté. Ça m’a remonté le moral. — Il était temps ! — Je m’adapte à lui, à ses défauts. — Quels sont-ils ? Un côté pacha ? — Je ne dirais pas ça, il est naturel, sans chichis, mais quand il arrive, c’est toujours avec une bouteille de bon champagne. — Il sait comment te prendre ! — Il passe une demi-heure au téléphone avec sa famille et j’écoute sa conversation tout en cuisinant. — Non ? — Oui. Je n’écoute pas tout, mais c’est important, pour lui, la famille. — Je m’en doute. — Après, on parle pendant le dîner, mais le chat est avec nous. Ils ne se fréquentent pas, mais c’est paisible. — La reine et ses mâles. — Puis on va se coucher, je lui masse le dos. — Il est vrai que tu masses plutôt bien. — Bien sûr, ensuite on baise et après on dort enlacés. Ce n’est pas une histoire passionnelle, mais c’est rassérénant. — Je comprends que cela te fasse du bien. — Comment vas-tu ? — Il y a eu des jours meilleurs, mais j’ai décidé que j’irai bien. — Il y a toujours des jours meilleurs. — Je me souviens d’avoir parfois pensé parfois qu’il n’existait pas de meilleure journée que celle que j’étais en train de vivre. — Si tu l’as pensé plusieurs fois c’est que c’était faux. — Tu as sans doute raison.
Elles se taisent, une heure ou deux jours.
— Comment tu vas ? — J’entre dans la période où je ne supporte plus mon corps, je le malmène le plus possible mais il y a encore des choses que j'hésite à lui faire subir. — Lesquelles ? — Si j'hésite c'est que rien n'est grave. — As-tu des nouvelles de T ? — Il ne m’oublie pas et c’est plutôt sympa, mais je n’irai pas le voir avant quelque temps. — Même si tu sais que sa motivation se situe entre le nombril et les genoux ça fait plaisir quand même. — C’est tout à fait ça. Il excuse mon manque de motivation et continue à m’envoyer des photos ou des vidéos. Je dois t’avouer que je n’ai pas la tête à ça ; je le soupçonne d’être un peu narcissique. Il prend trop de plaisir à m’en envoyer. Ça semble lui suffire et ça me va. — C’est pratique les narcissiques. — Oui, ils sont relativement autosuffisants.
Elles se taisent.
— Tu es là ? — Toujours. Comment va ton corps ? — Il vit sa vie, mais je m’en fous, je le soigne au rhum. — Ce n’est pas très prudent. — Bah, ce n’est pas de l’alcool, c’est du rhum ! — Qui n’est pas de l’alcool comme chacun sait. — Mais oui, c’est thérapeutique : un mal de tête, un verre de rhum. — Médecine de cheval. — Ça marche pour la gorge, le ventre, la déprime… — Le stress aussi — Voilaaa ! — Tu es le professeur Raoult des Antilles. — Appelle-moi docteur M, qui soigne au rhum et par télépathie. — Tu assures les retours d'affection également ? — Je m'y essaie.
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