Baptiste, son téléphone à l’oreille, sort de l’atelier et va ouvrir la porte d’entrée. Ses deux potes Aubin et Trévis, arrivent, lourdement chargés de sacs à dos. Ils se font, sans un mot, des checks compliqués.
Baptiste : — Vous avez apporté la tise ?
Aubin : — Deux packs et une bouteille de sky.
Trévis : — Deux packs et une bouteille de vodka.
Baptiste : — Cool. Oh là là, il faut que je vous en raconte une bonne ! Le mec avec qui je bosse depuis deux mois, le renoi, l’informaticien, ben il se tape Carole, une daronne, une copine de ma mère.
Aubin : — Carole, c’est la meuf qui a au moins quarante ans ? Ptain, les renois, quels dalleux… Remarque, il pourrait se taper ta mère, lol !
Baptiste : — T’es con ou quoi ? Ma mère elle vient d’avoir 55 ans. Faut pas abuser…
Carole et Liliane surgissent de la chambre, hilares.
Carole : — Alors tu vois, je n’ai pas hésité une seconde !
(voyant les 3 jeunes, elle s’interrompt) … je n’ai pas hésité à te faire la surprise ! Tu es contente au moins ?
Liliane : — Positivement ravie (plus bas) mais ne me refais plus jamais ça !
Les 3 jeunes entrent dans l’atelier d’où émanent des conversations confuses et de la musique.
Carole : — Comment aurais-je pu deviner ? Tu ne m’as jamais parlé de cet homme. Je sacrifie ma réputation pour toi, il faut que tout le monde pense que c’est mon amant, sinon…
Liliane : — Sinon quoi ? Après tout j’ai atteint l’âge de faire ce qu'il me plaît !
Carole : — Sinon on t’appellera la vieille cougar dans tout le quartier !
Liliane, vexée : — Redondant.
Carole : — Moi ? Au contraire, j’ai perdu 3 kilos !
Liliane : — Non, dire vieille cougar c’est redondant ! Tu redondes !
Carole : — Haaa j’avais compris re-dondon !
Liliane : — C’est malheureux d’être libraire et de n’avoir pas de vocabulaire. Bon, allons rejoindre les invités, je boirais bien un verre, moi. (Plus bas) N’en fais pas trop avec Idriss, hein ! Il pourrait y prendre goût. Soyez… décents.
Liliane : — Ma chérie, tu pouffes depuis des années…
Soudain une musique s’élève de l’atelier, tonitruante, les invités, en silhouette derrière la verrière, commencent à danser.
Liliane : — Ho là là mais on va avoir des ennuis ! Mon dieu ! La police va débarquer !
Carole : — Laisse les gens s’amuser, c’est ton anniversaire après tout !
Elles s’engouffrent dans l’atelier où Liliane est accueillie par des cris de joie. Jade et Sofia se faufilent pour discuter discrètement dans le vestibule.
Jade : — Cet aprèm je l’ai encore croisé à la fac ! Il est troooooop beau, je te raconte même pas ! Mais il m’intimide vachement, j’ose à peine lui parler.
Sofia : — Il suit les mêmes cours que toi ?
Jade : — Non il est il est prof, politologue, il donne des cours de sciences politiques !
Sofia : — Naaaaaan ? Sérieuse ?
Jade : — Ouais, même que c’est son premier poste. Il m’a dit qu’il gagnait pas trop de tunes et qu’il était obligé de donner en plus des cours particuliers, donc je lui ai dit de passer ce soir !
Sofia : — Pour faire quoi ?
Jade : — Je vais persuader ma mère que j’ai besoin de cours de soutien et devine qui va les donner ?
Sofia : — Le gynécologue !
Jade : — Po-li-to-logue !
La sonnette retentit.
Jade : — C’est lui ! Pas de gaffe, hein ?
Sofia fait le signe de la bouche cousue.
Jade ouvre la porte, au même moment Liliane surgit de l’atelier
Liliane : — J’en étais sûre, avec tout ce boucan… (à Karl, le prof) Ho monsieur, je suis confuse, vous êtes de la police ?
Karl : — Ha non madame, je préférerais crever.
Liliane : — Comment ça ?
Karl : — Ces vendus de fachos à la botte du gouvernement, ça me dégoûte ! Des mecs qui nous tabassent chaque weekend, qui nous balancent des grenades, ils mériteraient qu’on leur éclate leurs gueules de suppôts du libéralisme à coups de barres de fer !
Liliane : — Ha très bien, très bien, j’aime mieux ça…
Jade : — Maman, je te présente Karl Da Silva, il est prof à la fac.
Liliane : — Drôle d'heure pour donner des devoirs…
Jade : — Il ne viens pas me donner de devoirs, tout du moins, pas encore. C'est moi qui lui ai dit de passer, il a accepté de me donner des cours de soutien en sciences politiques.
Liliane : — Au point où nous en sommes ! Entrez donc, monsieur Marx
Karl : — Da Silva
Liliane : — Comme vous voulez. Mais d’abord, buvons un verre !
Liliane emmène Jade et Karl dans l’atelier, au même moment, Baptiste, Trévis, Thomas et Aubin en sortent et s’écroulent dans le canapé chesterfield.
Par Aude Doiderose et Adamantine
L'hiver faisait la rue mouillée Dans l'obscurité bleu marine O comme j'adorais mordiller Ta lèvre comme une mandarine
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