C'est difficile de savoir par où commencer. Par dénouer la peur que j'ai que tu puisses me lire. Un sentiment inédit que je n'ai pas avec les autres, une vulnérabilité de plus sans doute. Ca m'a éloignée un bon moment de ce journal, une barrière que je réalise avoir moi même créée. Pourtant la psy n'a pas cessé de m'encourager à écrire. Je passe un cap ce soir. Pourvu que ça dure.
Ce qui est moins nouveau par contre c'est cette blessure de rejet, elle a rouvert une plaie que je croyais refermée depuis très longtemps. Il m'a fallu du temps, peut être est ce que c'est pas encore tout à fait ça là, mais j'y travaille. J'avais d'autres blessures plus vitales que celle là et un espace mental déjà bien occupé. Avant toi. Alors j'ai du soigner les urgences, mon corps s'est vengé. Le reste c'est du déjà vu, vécu. On est déjà passé à coté de moi mais là ça faisait un sacré bail. Finalement j'avais bien une armure quelque part et elle a volé en éclats. Mais comme un chat je retombe toujours sur mes pattes, je suis presque indemne maintenant. Même si je me connais, sur le moment ça pique quand même sévère, et moi tu sais, je vis tout très intensément.
N'empêche, comme c'est drôle d'avoir choisi de parler d'un banc ce soir là, quand j'y pense aujourd'hui ça me saute aux yeux, ça fait même des feux d'artifice, enfin d'artifice je ne suis plus très sure. Je sais meme pas s'il existe encore ce banc, mais combien de fois m'a t'il sauvé par le passé. C'était mon refuge et en même temps il n'y avait aucun arbre autour, juste la vaste plaine du Nebbiu, devant moi. Derrière, Vallecalle, ce village que je détestais autant que je l'adorais. Et surtout lui, avec ces même sentiments d'ambivalence. Le pire c'est que fondamentalement j'avais inconsciemment aligné les astres pour que ça ne fasse pas mal cette fois, c'est simple tu ne cochais aucune case, et praticité de la chose, je n'en cochais pas non plus... Mais vraiment aucune. Enfin une allez si je veux bien être honnête avec moi même... elle m'aura été fatale ? difficile à dire. J'ai lâché le contrôle, c'est moi qui me testais plus qu'autre chose, on publiera pas l'étude ça ferait un flop crois moi, j'en rigole parfois. J'ai surtout dit des tonnes de choses qui après coup me semblent tellement loin de ce que je suis au fond. Ce banc va rester vide, enfin vide d'un ou d'une autre sans doute un moment. Y'a jamais eu personne d'autre que moi dessus, tu l'as frolé, ça t'a pas plu. Tu me dirais de mettre un bref là. Ca fait déjà pas mal de mot pour ce petit truc de rien du tout qu'il y a eu j'en conviens.
Mais je goûte mieux au soleil depuis peu. Y'a quand meme un truc que je veux essayer, transformer ce fil qui pour moi existe toujours et que je veux forcément différent. J'attends d'être sure de faire ce pas, non pas pour le risque pris parce que franchement je pense que j'ai déjà pris le risque, mais de ne pas me perdre au passage.
Peut être demain.
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