Elle : - tiens, ta montre... elle n'avance pas un peu ? Lui : - euh non Elle : - ah bon. Il n'est pas 11h15 ? Lui : - environ, si Elle : - j'avais cru voir 25 sur ton poignet Lui : - oui, juste. Je vois ce que tu veux dire Elle : - ce que je... te suis plus là Lui : - non, en fait je ne suis pas un fan de tout ce qui est horaire, calendrier, agenda, etc. Le stress de la ponctualité, très peu pour moi. Elle : - donc ta montre galope toute seule depuis des années... Lui : - ben je l'ajuste quand même de temps en temps Elle : - alors là mon vieux, je pige plus rien Lui : - bon, si tu veux, autour de moi c'est dingue comme tout fonctionne à la minute près. J'ai dû songer un peu aux autres et pour ne pas être en retard trop souvent, j'avance ma montre de 10 minutes pour être plus à l'aise. Elle : - ah ok, je me disais aussi... Tu m'as répondu qu'elle n'avançait pas... Lui : - je ne m'en rends plus compte en fait Elle : - et ton truc alors, ça marche ? Lui : - oui... En tout cas au début oui Elle : - au début ? Lui : - oui, maintenant c'est vrai que je corrige mentalement, l'habitude quoi Elle : - houlà, donc tu lis 25 et tu penses 15 ? Lui : - c'est un peu ça oui Elle : - et cela ne donne plus rien comme avantage sans doute. Tu ne devrais pas te remettre à l'heure juste ? Lui : - j'y ai pensé mais… j'aurais le dos au mur, et avec cette correction dont j'ai pris l'habitude... Elle : - tu crains d'accumuler les retards ou de devoir faire sans cesse du contre-la-montre Lui : - quelque part il faudrait que je rajoute 10 minutes pour retrouver l'effet du début Elle : - hé bé pour quelqu'un qui veut échapper au stress horaire, en finir par se créer un fuseau propre, qui change à chaque saison... Lui : - bien sûr cela n'a pas de sens, cette manière de fonctionner m'isolerait de plus en plus, or seul je n'ai aucun besoin de montre, de temps objectivé. Elle : - marrant cette expression de temps objectif... C'est vrai qu'il est totalement subjectif, d'ailleurs pour se le représenter il faut le spatialiser... Lui : - tout à fait, et le plus drôle est que dans cette dimension objective, le présent n'existe pas, impossible à figer Elle : - c'est vrai. Donc c'est cela que tu souhaites préserver: ton temps subjectif. Lui : - tu as tout compris Elle : - mais ta décision a priori anodine de mettre dix minutes entre toi et les autres, tu n'as pas l'impression qu'elle t'enferme carrément et bien plus qu'eux encore, dans une sorte d'obsession du temps et du calcul horaire ? Comme si tu... Lui : - bah c'est bon, on va pas en faire un plat pour dix petites minutes hein, puis faut que je file moi, je vais être complètement à la bourre si ça continue. Allez ciao !
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