Je t'aime, je te hais, je t'aime, je te hais... et les épines de la rose nous déchirent, elles se noient dans ces verres que tu vides. Remplis-toi, remplis-toi d'autre chose. Veiller sur un homme de dix ans mon aîné, c'est trop pour un si petit coeur. J'ai besoin d'admirer et d'être fière, pas de protéger et de craindre. Craindre, tout craindre. Les soirées, les matins, les fêtes, les déprimes et ta vie loin de nous. Craindre et trembler, trembler de toi, trembler des autres, veiller sur ta vie comme sur la dernière petite flamme qu'on veut protéger du vent. Croire à quelque chose, s'élever vers un autre quelque part, et retomber, retomber toujours, et se noyer dans le vin, sang de nos croyances crucifiées. Croire en toi, c'est s'ouvrir le coeur. L'ouvrir comme une canette, et c'est quoi qui coule à flots? C'est toi, c'est toi, tu te vides, tu nous vides, tu laisses partir ta vie vers le rien, sans qu'elle ait eu suffisamment de goût pour que tu l'apprécies à sa juste valeur, pour tu fasses attention à ce qu'il en reste un peu. Je t'aime et je te hais, tu m'enchaînes, tu me brises. L'enfant grandit mais reste toujours petite soeur. Les pleurs ne tombent plus et ne font plus pousser d'espoirs... je n'y crois plus, je veux juste protéger les gens de toi, de ton auto-destruction qui détruit tout le monde. Mais je suis impuissante, car je suis petite, car je suis soeur, car j'ai trop d'amour pour me laisser envahir par cette haine qui me sauverait. Tu as bu beaucoup de choses, tu as tout égaré dans ce néant que tu as fait venir autour de toi. Bientôt, plus de mains dans le brouillard, car tous auront fui. Et nous aurons tout perdu, tout vu partir une nouvelle fois. |